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  • Photo du rédacteurAine Dougherty

Ma Vie en France: Pourquoi J'ai Décidé d'Aller en École de Cuisine



"Quoi ? Mais pourquoi vous faites ça, Madame ?" un de mes étudiants a crié quand je leur ai dit qu'au lieu de retourner en tant que prof l'année prochaine... j'allais en école de cuisine.


C'est une question qui tracasse beaucoup de mes proches quand je lâche la bombe. Je renonce à mes étés libres et des vacances scolaires fréquentes pour travailler tard la nuit et me détruire les pieds et le dos ? Mon étudiant a clairement considéré mon choix comme un pas en arrière... je fais un CAP Cuisine, qui est un certificat d'aptitude professionnelle. Cela signifie "un premier niveau de qualification professionnelle" et oui, c'est quelques niveaux en dessous de mon Master que j'ai obtenu l'année dernière. C'est même classé en dessous d'un bac, ce que j'ai eu il y a huit ans (!).


On le sait tous, le domaine de la restauration est sans pitié et ça manque de glamour et de gloire (surtout pour les gens qui débutent). Cela évoque des images de frites en fast food, de larmes dans la chambre froide, de charlottes, de transpiration, de cris, et même de mauvais comportement. Peut-être que vous imaginez Carmy de "The Bear" se faire tacler par son patron étoilé. Mais on s'y retrouve quand même un certain charme, surtout l'école culinaire française aux yeux des américains. On pense à Julia Child, au Cordon Bleu, aux vestes blanches impeccables, aux pâtisseries délicates.



J'ai toujours adoré la gastronomie, et mon background le reflète (les articles sur la nourriture pour le Chicago Tribune, mon stage en tant qu'assistante de production pour Très très bon à Paris, mes blogs hebdomadaires sur ce que j'ai mangé pendant ma première année en France, mon mémoire sur des livres de cuisine pour mon Master, mes vidéos culinaires sur mon Instagram...). Et je voulais trouver un moyen de marier mes passions – la cuisine et des langues. Par exemple, des cours de cuisine et d'anglais ou de français, des visites guidées de la région pour des touristes, des dîners privés et ateliers de conversation, du journalisme gastronomique... Mais je savais aussi que je ne pouvais pas attirer des clients juste en disant "J'aime cuisiner." J'avais besoin de crédibilité. J'ai toujours voulu aller en école de cuisine et travailler dans un restaurant pour acquérir une expérience directe dans le monde culinaire et pour apprendre les bases de A à Z. L'enseignement pur et dur n'a jamais été mon but final. C'est pour cela que, quand mon contrat de lectrice à l'Université de Haute-Alsace s'est terminé, j'ai décidé de me lancer.


Cependant, je n'ai pas les moyens pour payer des milliers d'euros à ces écoles mythiques à Paris, donc j'ai cherché quelque chose de plus réaliste en Alsace. La plupart des CAP Cuisine se fait en deux ans, avec des cours générales de maths, histoire-géo, etc. Ils visent des élèves qui sortent du brevet, ou du collège. Je me voyais mal en cours de sport avec des ados de 15 ans. Donc j'ai fait mes petites recherches et j'ai découvert le CEFPPA, qui propose un CAP Cuisine accéléré en un an pour des adultes en reconversion (on a entre 16 et 32 ans dans ma promo). Le centre de formation, qui se situe à Illkirch-Graffenstaden au sud de Strasbourg, propose ce programme en alternance, avec une semaine de cours et deux semaines au restaurant. (Des détails pour les intéressés : comme je suis pacsée avec mon copain, j'ai fait la demande pour un visa de vie privée et familiale, qui me permet de travailler et étudier sans avoir besoin d'autorisation de travail et tout ce bazar.)



J'ai choisi de travailler dans un restaurant à Mulhouse pour mon alternance et voyager à Strasbourg chaque mois pour les semaines de cours. Pourquoi ? Tout simplement j'ai construit une vie et même une communauté dans le Haut-Rhin, et je m'imagine continuer avec mes projets professionnels ici. Cependant, j'ai eu droit à des regards un peu bizarres de mes camarades de classe et mes formateurs pour ce choix, ainsi que mon choix de stage. Je travaille comme apprentie dans un bar à vin à Mulhouse qui s'appelle La Quille, avec une cheffe qui est jeune mais très créative. Beaucoup de mes camarades dans mon programme travaillent dans des restos gastronomiques, et je dois avouer que parfois je ne me sens pas à ma place au CEFPPA. Mais je crois sincèrement avoir eu besoin de trouver un restaurant bien adapté à mes objectifs et mes valeurs.



La carte à La Quille change tous les mois, avec des produits locaux de saison, et c'est pour la plupart végé et pescatarienne. Chaque mois il y a des évènements qui mettent en valeur certains ingrédients, comme la soirée champignons, par exemple. J'ai de la chance de pouvoir travailler en tête-à-tête avec ma maître d'apprentissage et assumer des responsabilités dès le début. La terrasse est constamment pleine; le vibe est cool, sans prise de tête, et je vais aussi pouvoir découvrir le vin. Je n'étais pas forcément à la recherche d'une brigade de cuisine traditionnelle, et je n'ai pas choisi ce programme pour finir avec un nom très réputé sur mon CV, même si je comprends tout à fait ceux qui souhaitent avoir cet avantage. Peut-être un jour... ?


Mais pour l'instant, je suis très satisfaite de mes choix et j'ai hâte pour l'avenir. Oui, j'ai renoncé à certains avantages de prof, mais vous savez quoi ? J'ai dû quand même rester debout pendant des heures devant mes élèves, et au moins maintenant je n'ai plus besoin de corriger des copies !


Merci de m'avoir lue ! Bisous !

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